Elene Chantladze, Georgia Dickie, Gérald Lajoie, u
“Sentiment”

9 mai-15 juin 2024

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Sentiment rassemble une récurrence de contenants : La suite d'assemblages de boîtes en carton de Georgia Dickie, les project spaces de u (collaborations à petite échelle avec des artistes invités logés dans des boîtes de ruban adhésif d'emballage), l'ébénisterie sensible de Gérald Lajoie, et les peintures et dessins d'Elene Chantladze sur des cartons trouvés, des morceaux de plastique, des petits cailloux ou d'autres objets domestiques. Ces œuvres témoignent d'un matérialisme qui sympathise avec le lieu commun et qui envisage la possibilité pour le portrait de s'accumuler à travers des matériaux collectés. Envisageant une vie au-delà de leur relation avec les produits, ces œuvres témoignent d'une adoration pour les matériaux en dehors du capital, patrons d'un réalisme sentimental.

Dans Cardboard Boxes (2022-) de Georgia Dickie, l'artiste orne les espaces utilisés pour l'emballage de produits de consommation avec des notions collées, de la peinture, des morceaux d'emballage, des images et des objets collectés qui sont relogés sur et à l'intérieur des substrats hérités. Les compositions collées présentent les débris comme un site poétique, elle crée des partenariats sémiotiques convaincants avec des étiquettes familières et des textes de marque, ainsi que des notes manuscrites ou des recettes sur des post-it ou du papier de rebut. Des motifs publicitaires reconnaissables exercent une liberté nouvellement trouvée grâce à la séparation. Ces fragments de langage et de symboles jonchent les sculptures, injectant des bribes de nostalgie d'un passé récent, les accouplements s'apaisant de manière inattendue comme des cohabitants de longue date.

u soutient un réseau croissant d'artistes et de collaborateurs par le biais d'une série continue d'« espaces de projet » et amasse une archive croissante de conteneurs. Les collaborateurs invités reçoivent un espace de projet vide construit avec du ruban adhésif d'emballage transparent, qu'ils finissent par renvoyer à u. La petite sélection d'espaces inclus a été expédiée à la galerie pour l'exposition dans leurs propres boîtes respectives à l'intérieur d'une boîte plus grande, leurs étiquettes d'expédition à destination et en provenance des artistes étant toujours collées sur le carton. Un morceau de chaque pratique est scellé dans une boîte transparente - dans project space 33 (More of this please), l'artiste collaboratrice Kate Newby coule des branches en bronze blanc et en aluminium, une palourde asiatique est assise dans une autre d'Amy Yao, marquée de peinture et de paillettes, Nour Mobarak recouvre l'espace de projet d'encre de Chine rouge, Elif Saydam dépose du plastique laminé et des autocollants trouvés dans project space 35. Ces quatre espaces de projet achevés sont accompagnés ici de deux espaces vides, réservés à deux des artistes inclus, Georgia Dickie et Gérald Lajoie. Par l'embellissement, l'adoration, l'intervention ou la collecte, les espaces de projet de u dépeignent les contenants comme des sites de possibilités.

L'armoire corsetée de Gérald Lajoie se lit à la fois comme un objet neuf et bien vivant, où s'amalgament des matériaux frais et des notions provenant d'objets existants. Des ressorts en fer sont suturés à la base de l'armoire, leur sommet étant légèrement comprimé par une corde de jute qui les relie avant de les fixer à l'armature en bois de l'armoire. Les fines pattes de la structure sont reliées entre elles par un mince fil de cuivre. Sa forme en U est recouverte d'une colle à base de lin et de peau de lapin. La construction en forme de corps et le trou de serrure en forme de diamant de la faible armoire combinent l'intérêt de l'artiste pour la construction de vêtements avec de riches références historiques.

Dans une pratique qui associe des matériaux ordinaires à des représentations peintes librement du quotidien, Elene Chantladze projette des images de sa vie en Géorgie sur des matériaux réutilisés qui auraient dû être mis au rebut. Elle fusionne ces images avec la vie des restes sur lesquels elle travaille (ici, des morceaux de carton), collaborant avec les traces qui restent à leur surface. L'optimisme présent dans ses œuvres projette une certaine façon d'habiter la vie - une réalité sans complexe qui reproduit la vie sur le spectateur, ou peut-être dans une adoration de la vie elle-même.

Une scène pastorale peinte (Untitled, n.d.) décrit un conglomérat de fleurs, d'arbustes et d'oiseaux qui s'élèvent à côté d'un personnage tenant un bouquet. Les yeux de l'oiseau flottent curieusement sur le personnage, comme s'ils écoutaient attentivement des bribes de sagesse partagée, la flore se rapproche également - leur assemblage harmonieux apparaît comme une réunion quotidienne entre de vieux amis. La scène est encadrée par une bordure bleue peinte qui s'étend jusqu'aux bords du support en carton.  La vitesse de la vie rencontre une lenteur palpable dans l'image. 

Elene Chantladze (née en 1946 à Supsa, Géorgie) vit et travaille à Tskaltubo, en Géorgie. Ses récentes expositions personnelles comprennent Elene Chantladze, Anton Kern Gallery, New York ; Elene Chantladze, kaufmann repetto, New York ; Elene Chantladze, Kaufmann repetto, Milan (2024) ; Elene Chantladze with Rooms studio, M KHA, Musée d'art contemporain, Anvers ; Kunsthalle Zürich, Zürich (2023) ; Fierman, New York (2022) ; Modern Art, Londres (2021) ; LC Queisser, Tbilisi (2020) ; Gallery Nectar, Tbilisi (2018). Son travail a été présenté dans le cadre d'expositions collectives à la galerie Efremidis, Berlin ; LC Queisser, Tbilissi (2023) ; Ermes Ermes, Rome ; Lismore Castle Arts ; Croy Nielsen, Vienne (2022) ; ADZ Gallery, Lisbonne ; Conceptual Fine Arts, Milan (2021) ; Gallery Nectar, Tbilissi ; Ausstellungsraum Klingental, Bâle (2015).

Gérald Lajoie-Restrepo (né en 1995) est un artiste canado-mexicain autodidacte qui vit et travaille actuellement sur le territoire non cédé de Kanienkehá:ka, également connu sous le nom de Montréal. Ses récentes expositions collectives incluent Franz Kaka, Toronto (2023), Anexé07, Gatineau (2023), et Joe Project, Montréal (2022).

Georgia Dickie (née en 1989 à Toronto, Canada) a obtenu son baccalauréat en beaux-arts à l'Ontario College of Art and Design University en 2011. Elle a été l'une des lauréates du Sobey Art Award 2020 et la lauréate 2014 du Toronto Friends of the Visual Arts Artist Prize. Elle a participé à des expositions individuelles et collectives à l'échelle internationale, notamment Soft Opening, Londres (2022), Fragment Gallery, Moscou (2021), Oakville Galleries, Oakville (2019), Rolando Anselmi, Berlin (2018), Jeffrey Stark, New York (2017), Night Gallery, Los Angeles (2017), Cooper Cole (2017), Springsteen Gallery, Baltimore (2016), Art Museum of U of T, Toronto (2016), The Power Plant, Toronto (2013), et le Musée d'art contemporain canadien, Toronto (2012). En février 2015, elle a été l'artiste en résidence du Conseil des Arts du Canada aux Acme Studios de Londres, au Royaume-Uni. Dickie vit et travaille actuellement à Toronto.

Les expositions récentes de u comprennent Backrooms, Kunsthalle Zürich, Zürich, (2024), The Southern Alberta Art Gallery, Lethbridge, (2022-2024), Wschód, Varsovie, (2022), Bel Ami, Los Angeles (2019), Utopian Visions Art Fair, Portland, (2018), Carl Louie, Londres, (2018). En tant qu'espace de projet, la programmation d'u s'est déroulée dans divers endroits du sud de l'Alberta. En 2025, u ouvrira un espace de projet nouvellement construit à Diamond Valley, appelé u's hut.