Robert Anthony O’Halloran
“Pansy Tone”

14 juin  - 15 juillet, 2023

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Le plaisir existe au-delà du langage ou de la catégorisation. Les désirs naissants peuvent être écartés par l'âge, par la honte, par les codes de conduite dans lesquels nos instincts gutturaux sont sublimés dans les normes sociales. Dans Pansy Tone, Robert O'Halloran nous rappelle que ces plaisirs ne sont pas perdus, car il anime une matérialité grossière en perturbant habilement la pureté et l'asepsie.

O'Halloran rend les limites du corps translucides, communiquant sensuellement avec d'autres phénomènes au-delà de celui-ci. Ces œuvres remettent en question les caractéristiques déterminantes de la vie humaine (les limites du corps, le moi, l'architecture et le langage) par le biais d'une expérience érotique et émotionnelle. Il imprègne la galerie d'un paysage sonore de la prose inévitable du corps ; une composition orchestrée avec des toux, du flegme, des grognements, des gorgées, des caquètements et des gémissements. Elle utilise "ick" comme instrument, construisant un langage d'intimité. En fin de compte, c'est dans le beurk que nous émergeons - c'est dans les actes matériels et les éliminations du corps que nous sommes humanisés. O'Halloran produit ainsi une présence vibratoire, des sons gutturaux qui nous rappellent le potentiel illimité du corps, une résistance à l'état d'ordre de l'architecture.

L'artiste développe une enveloppe extérieure qui ondule en réponse aux moments clés de leur orchestre particulier. Les murs sculpturaux de la galerie se gonflent et déferlent en même temps que la composition corporelle percussive. En manipulant la forme de la galerie, il nous offre de nouvelles ressources qui dessinent une relation générative entre nos mondes intérieur et extérieur - comment le ick transgresse l'ordre - dans une boucle de ce qui est et de ce qui était, vers ce qui pourrait être. En se permettant (et par là même, en permettant au spectateur) de serpenter entre entrailles et architecture, O'Halloran nous rappelle que nos plaisirs corporels indisciplinés n'ont pas toujours besoin d'être dissimulés. Pour hanter la "normalité", nous devons nous décharger de nos tripes.

      – Erin Reznick


1 Mikhail Bakhtin, Rabelais and His World, trans. Heléne Iswolsky (Bloomington, IN: Indiana University Press, 1984), p. 336.


Bio

Robert Anthony O'Halloran vit et travaille à Toronto, en Ontario. Ses récentes expositions individuelles comprennent The Table, 2021 ; Sibling, 2020 ; Bunker 2, 2017 (toutes à Toronto) ; ainsi que des expositions collectives à Arsenal Contemporary Art, Toronto, 2020 ; The Plumb, Toronto, 2021 ; et Art POP (sous la direction de Céline Bureau), 2021, Montréal. Ses publications récentes incluent Phile Magazine, le journal internationalement reconnu du désir et de la curiosité.